El medieval ("Le moyenâux", G. Brassens)

Con música y letra de Georges Brassens en "Le moyenâux", en la adaptación de J. M. Grande.


EL MEDIEVAL
("Le moyenâux", G. Brassens)
ADAPTACIÓN: J. M. Grande) 

Solo puedo aqui reprochar
a mis padres el no jugar
antes, con alegre placer,
a encontrar mi Eva y yacer...

Bastardo no llegué a nacer
pero cinco siglos después
me presento, Príncipe, ya:
soy demasiado medieval.

¡Ojalá hubiera, Señor,
nacido en mil cuatro cientos dos:
cantaría en aquel mesón
de la Piña esta canción.

Hablaría con el argot
de los reos de Montfaucon,
flor y nata de lo ruín
orgullosos frente a su fin.

Y después de un gran atracón,
sin vergüenza ni contrición,
solazarme en algún colchón
imitando a François Villón:

retozar con chicas detrás
del cementerio de Innocents:
mis conquistas de actualidad
no se pueden ni comparar...

Y a una monjita seducir
y su cuerpo oculto sentir...
porque aquellas novias de Dios
no decían nunca que no...

Tras el muro en la calle están,
¡Dios perdone! tras de cenar
y cuentan los besos de amor
con rosarios: es su oración...

Y que escriben, es de creer,
evangelios con mala fe:
y que el quinto lo escribirán
según Venus le llamarán...

La Abadesa será ejemplar
y en Pourras lo querrá aplicar:
que será puta de postín
en el barrio que habla Latín.

Algún día me cogerán,
finalmente me ahorcarán,
con las piernas colgando al pie
del cadalso yo regaré

la mandrágora y crecerá
justo a punto de yo expirar
maldiciendo entre mis pies
los impúdicos que me ven...

Pero solo es una canción
tenlo en cuenta en esta ocasión,
que las flores no crecen hoy
en la tumba en la que no estoy.

Ni el Mesón de la Piña está;
que en su sitio ahora hay un pub.
A podrido flota un olor:
a truhanes ya sin honor...

Moriré, más no en Montfaucon,
en mi cama y con mi calzón
y, sin ser granuja, me iré;
cinco siglos me retrasaré...

Mis postreras palabras serán
versos del maestro François,
"Que me lleve al desfallecer
el sabor de un copo de ayer..."

Mis postreras palabras serán
versos del Maestro François ...
Me despido, Príncipe, ya;
soy demasiado medieval...



VERSIÓN ORIGINAL


Le moyenâgeux
(G. Brassens)

Le seul reproche, au demeurant,
Qu'aient pu mériter mes parents,
C'est d'avoir pas joué plus tôt
Le jeu de la bête à deux dos.
Je suis né, même pas bâtard,
Avec cinq siècles de retard.
Pardonnez-moi, Prince, si je
Suis foutrement moyenâgeux.

Ah ! que n'ai-je vécu, bon sang !
Entre quatorze et quinze cent.
J'aurais retrouvé mes copains
Au Trou de la pomme de pin,
Tous les beaux parleurs de jargon,
Tous les promis de Montfaucon,
Les plus illustres seigneuries
Du royaum' de truanderie.

Après une franche repue,
J'eusse aimé, toute honte bue,
Aller courir le cotillon
Sur les pas de François Villon,
Troussant la gueuse et la forçant
Au cimetièr' des Innocents,
Mes amours de ce siècle-ci
N'en aient aucune jalousie...

J'eusse aimé le corps féminin
Des nonnettes et des nonnains
Qui, dans ces jolis tamps bénis,
Ne disaient pas toujours " nenni ",
Qui faisaient le mur du couvent,
Qui, Dieu leur pardonne ! souvent,
Comptaient les baisers, s'il vous plaît,
Avec des grains de chapelet.

Ces p'tit's sœurs, trouvant qu'à leur goût
Quatre Evangil's c'est pas beaucoup,
Sacrifiaient à un de plus :
L'évangile selon Vénus.
Témoin : l'abbesse de Pourras,
Qui fut, qui reste et restera
La plus glorieuse putain
De moines du quartier Latin.

A la fin, les anges du guet
M'auraient conduit sur le gibet.
Je serais mort, jambes en l'air,
Sur la veuve patibulaire,
En arrosant la mandragore,
L'herbe aux pendus qui revigore,
En bénissant avec les pieds
Les ribaudes apitoyées.

Hélas ! tout ça, c'est des chansons.
Il faut se faire une raison.
Les choux-fleurs poussent à présent
Sur le charnier des Innocents.
Le Trou de la pomme de pin
N'est plus qu'un bar américain.
Y a quelque chose de pourri
Au royaum' de truanderie.

Je mourrai pas à Montfaucon,
Mais dans un lit, comme un vrai con,
Je mourrai, pas même pendard,
Avec cinq siècles de retard.
Ma dernière parole soit
Quelques vers de Maître François,
Et que j'emporte entre les dents
Un flocon des neiges d'antan...

Ma dernière parole soit
Quelques vers de Maître François...
Pardonnez-moi, Prince, si je
Suis foutrement moyenâgeux.

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