Los dos tíos ("Les deux oncles", G. Brassens)

Con música y letra de Georges Brassens en "Les deux oncles", en la adaptación de J. M. Grande

LOS DOS TÍOS (J. M. Grande 2020)
"Les deux oncles" (G. Brassens)


Era una vez el tío Martín y el tío Gastón,
uno pro Tomi, pero el otro pro Teutón,
los dos murieron por su bando, cada cual;
no siendo yo pro nadie vivo: ¡y es genial!

Ahora, queridos tíos, el tiempo pasó;
cada viuda tras la guerra se casó
y las estrellas que brillaban en Verdún
se han apagado en la guerrera de Pétain.

Ahora que vuestra controversia se ha acabao
que compartís la misma cuerda de un ahorcao; 
ahora que Jhon Bull muestra mejor ademán
y no hay querellas con el buen pueblo alemán;

que vuestras hijas con sus hijos juntos van, 
y que fornican y que Europa tiene un plan...
pues les preocupa vuestra guerra como a quien 
le preocupaba hace unos años la de Cien...

Es tiempo entonces de decir y confesar,
tío pro Tomi o pro Teutón lo mismo da,
que vuestros tontos rifirrafes, vuestra lid, 
a todo el mundo se la suda (es un decir).

De vuestras purgas, asistencias y maldad;
de vuestro horror, desolación y crueldad;
de vuestros platos de chucrut y vuestro té
todos pasamos ¡No me rayes, piérdete!

Y esto a pesar de los recuerdos ¡un montón!,
los monumentos a los muertos ¡mogollón!
o de vencidos, vencedores ¡qué más da!...
que todo el mundo de esto pasa: ¡le da igual!

Y es que la vida, como dicen, se echa a andar
y vuestras cruces no dan sombra al caminar
y poco a poco el olvido va a extinguir
la vieja llama bajo el Arco de París...

Pero yo sé, que mis dos tíos desgraciáos, 
el que es pro Tomi, el pro Teutón, los dos gafáos,
estando vivos, y quizá en este lugar, 
se animarían muy alegres a cantar... 

y cada uno brindaría a su salud
reconociendo que es locura esa acritud,
esas ideas que se vienen y que están, 
se dan tres vueltas, dan tres muertos y se van...

Porque ninguna idea es digna de matar:
quien no las tenga de eso ya se encargará;
y que tomar al enemigo como tal
es un trabajo improductivo y está mal;

y que apuntar a un enemigo y disparar
ha de cambiarse por paciencia y esperar:
mejor contar con palo en mano hasta diez,
mejor dejar algún obús para otra vez...

Nunca se debe seguir ciego a un general,
excepto si lo son de plomo, de chaval;
mejor cantar, marchando juntos, y a la vez 
lo de "Mambrú se fue a la guerra" en la niñez...

A los que entráis hoy por la puerta del Edén
que os imagino tan felices, si los veis
cuando encontréis a mis dos tíos les decís
que no me olviden por haber quedado aquí. 

Dos "nomeolvides" yo cultivo en mi jardín: 
una es un "forget me" para mi tío Martín, 
otra es un "vergiss mein nich" para el tío Gascón:
pobre pro Tomy y también pobre proTeutón...


VERSIÓN ORIGINAL


Les deux oncles
(G. Brassens)

C'était l'oncle Martin, c'était l'oncle Gaston
L'un aimait les Tommies, l'autre aimait les Teutons
Chacun, pour ses amis, tous les deux ils sont morts
Moi, qui n'aimais personne, eh bien ! je vis encor.

Maintenant, chers tontons, que les temps ont coulé
Que vos veuves de guerre ont enfin convolé
Que l'on a requinqué, dans le ciel de Verdun
Les étoiles ternies du maréchal Pétain

Maintenant que vos controverses se sont tues
Qu'on s'est bien partagé les cordes des pendus
Maintenant que John Bull nous boude, maintenant
Que c'en est fini des querelles d'Allemand

Que vos fill's et vos fils vont, la main dans la main
Faire l'amour ensemble et l'Europ' de demain
Qu'ils se soucient de vos batailles presque autant
Que l'on se souciait des guerres de Cent Ans

On peut vous l'avouer, maintenant, chers tontons
Vous l'ami les Tommies, vous l'ami des Teutons
Que, de vos vérités, vos contrevérités
Tout le monde s'en fiche à l'unanimité

De vos épurations, vos collaborations
Vos abominations et vos désolations
De vos plats de choucroute et vos tasses de thé
Tout le monde s'en fiche à l'unanimité

En dépit de ces souvenirs qu'on commémor'
Des flammes qu'on ranime aux monuments aux Morts
Des vainqueurs, des vaincus, des autres et de vous
Révérence parler, tout le monde s'en fout

La vie, comme dit l'autre, a repris tous ses droits
Elles ne font plus beaucoup d'ombre, vos deux croix
Et, petit à petit, vous voilà devenus
L'Arc de Triomphe en moins, des soldats inconnus

Maintenant, j'en suis sûr, chers malheureux tontons
Vous, l'ami des Tommies, vous, l'ami des Teutons
Si vous aviez vécu, si vous étiez ici
C'est vous qui chanteriez la chanson que voici

Chanteriez, en trinquant ensemble à vos santés
Qu'il est fou de perdre la vie pour des idées
Des idées comme ça, qui viennent et qui font
Trois petits tours, trois petits morts, et puis s'en vont

Qu'aucune idée sur terre est digne d'un trépas
Qu'il faut laisser ce rôle à ceux qui n'en ont pas
Que prendre, sur-le-champ, l'ennemi comme il vient
C'est de la bouillie pour les chats et pour les chiens

Qu'au lieu de mettre en joue quelque vague ennemi
Mieux vaut attendre un peu qu'on le change en ami
Mieux vaut tourner sept fois sa crosse dans la main
Mieux vaut toujours remettre une salve à demain

Que les seuls généraux qu'on doit suivre aux talons
Ce sont les généraux des p'tits soldats de plomb
Ainsi, chanteriez-vous tous les deux en suivant
Malbrough qui va-t-en guerre au pays des enfants

O vous, qui prenez aujourd'hui la clé des cieux
Vous, les heureux coquins qui, ce soir, verrez Dieu
Quand vous rencontrerez mes deux oncles, là-bas
Offrez-leur de ma part ces "Ne m'oubliez pas"

Ces deux myosotis fleuris dans mon jardin
Un p'tit forget me not pour mon oncle Martin
Un p'tit vergiss mein nicht pour mon oncle Gaston
Pauvre ami des Tommies, pauvre ami des Teutons... 

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