Pensamientos de los muertos (análisis)

PENSÉES DES MORTS


01 Voilà les feuilles sans sève
02 Qui tombent sur le gazon,
03 Voilà le vent qui s'élève
04 Et gémit dans le vallon,
05 Voilà l'errante hirondelle
06 Qui rase du bout de l'aile
07 L'eau dormante des marais,
08 Voilà l'enfant des chaumières
09 Qui glane sur les bruyères
10 Le bois tombé des forêts.

11 C'est la saison où tout tombe
12 Aux coups redoublés des vents ;
13 Un vent qui vient de la tombe
14 Moissonne aussi les vivants :
15 Ils tombent alors par mille,
16 Comme la plume inutile
17 Que l'aigle abandonne aux airs,
18 Lorsque des plumes nouvelles
19 Viennent réchauffer ses ailes
20 À l'approche des hivers.

21 C'est alors que ma paupière
22 Vous vit pâlir et mourir,
23 Tendres fruits qu'à la lumière
24 Dieu n'a pas laissé mûrir!
25 Quoique jeune sur la terre
26 Je suis déjà solitaire
27 Parmi ceux de ma saison,
28 Et quand je dis en moi-même :
29 "Où sont ceux que ton coeur aime ?"
30 Je regarde le gazon.

31 C'est un ami de l'enfance
32 Qu'aux jours sombres du malheur
33 Nous prêta la Providence
34 Pour appuyer notre coeur ;
35 Il n'est plus : notre âme est veuve
36 Il nous suit dans notre épreuve
37 Et nous dit avec pitié :
38 "Ami si ton âme est pleine,
39 De ta joie ou de ta peine
40 Qui portera la moitié ?"

41 C'est une jeune fiancée
42 Qui, le front ceint du bandeau,
43 N'emporta qu'une pensée
44 De sa jeunesse au tombeau ;
45 Triste, hélas ! dans le ciel même,
46 Pour revoir celui qu'elle aime
47 Elle revient sur ses pas,
48 Et lui dit : "Ma tombe est verte !
49 Sur cette terre déserte
50 Qu'attends-tu ? Je n'y suis pas !"

51 C'est l'ombre pâle d'un père
52 Qui mourut en nous nommant ;
53 C'est une soeur, c'est un frère
54 Qui nous devance un moment,
55 Tous ceux enfin dont la vie
56 Un jour où l'autre ravie,
57 Emporte une part de nous,
58 Semblent dire sous la pierre :
59 "Vous qui voyez la lumière,
60 De nous vous souvenez vous ?"

61 Voilà les feuilles sans sève
62 Qui tombent sur le gazon,
63 Voilà le vent qui s'élève
64 Et gémit dans le vallon,
65 Voilà l'errante hirondelle
66 Qui rase du bout de l'aile
67 L'eau dormante des marais,
68 Voilà l'enfant des chaumières
69 Qui glane sur les bruyères
70 Le bois tombé des forêts.


Análisis

00 “Pensée des morts” (Pensamientos de los muertos). Este es un poema romántico, donde interviene la naturaleza como espectadora de los acontecimientos que tienen lugar. El tiempo pasa, la muerte se acerca, la tristeza está ahí; la quietud del presente, la ausencia de acontecimientos… todos estos temas dieron origen al movimiento romántico donde los poetas comenzaron a expresar sus sentimientos.
¡Pero esta nueva ola de poesía corría el riesgo de languidecer en lágrimas y lloriqueos! ¡Y llegó Víctor Hugo! Afortunadamente Hugo y Musset vinieron, con todo su brío, su humor, su ternura fuera de lo común: “Y pusieron una gorra roja en el viejo diccionario" (V. Hugo).
Luego llegó el amigo Georges. A menudo, Brassens redujo poemas mucho más largos a 7 estrofas. Lamartine escribió una verdadera oración cristiana; pero Brassens eliminó casi todas las referencias a Dios y su “Gloria Celestial” para preservar sólo el aspecto naturalista. El poema inicial es muy hermoso, pero los cortes muy oportunos de Brassens lo hacen más aceptable en estos tiempos descristianizados.

38 “Ami si ton âme est pleine” (Amigo, Si tu alma está llena...)
 39 “de ta joie ou de ta peine” (de tu alegría o de tu pena)
40 “qui portera la moitié?” (¿Quién llevará la mitad?
Excelente pregunta, que no está reservada exclusivamente para la muerte. La hermana mayor de esta última, la soledad, bien podría ser el escenario de este interrogante supremo. Esta es la gran misión de la amistad y, por qué no, del amor.

59 “Vous qui voyez la lumière” (vosotros que veis la luz)
60 “de nous vous souvenez vous?”
(¿os acordáis de nosotros?)
Aliteración inquietante y acariciante; a la vez pregunta y (suave) reproche: como una duda que, a pesar de todo, nos cuestiona a los vivos.

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